Si la crise financière que nous traversons actuellement touche essentiellement les classes moyennes et les couches déjà les plus fragilisées, les grandes fortunes sont toutefois ébranlées par les bouleversements autant économiques, sociaux qu’environnementaux qui les amènent à rechercher des moyens d’investir et de donner plus concrets et efficaces. Plus que jamais, le rôle des philanthropes est vital pour la sortie de la pauvreté de certaines populations au Nord comme au Sud. La nouvelle philanthropie se veut aujourd’hui responsable, durable et, pourquoi pas… rentable. Rencontre avec Virginie Issumo, engagée en philanthropie, membre bénévole du board de différentes fondations privées et fondatrice des a.s.b.l. «Coup de Pouce» et « Green Mango».
Virginie Issumo, née au Congo, de père congolais et de mère belge, a grandi dans une famille ouverte à l’autre et sensible à la détresse humaine. Aussi, dès l’adolescence, elle s’investit tout naturellement pour les enfants de Kinshasa emprisonnés arbitrairement ou vivant dans des camps militaires dans des conditions réduisant leur chance de survie. Après avoir soutenu avec ses proches le projet de réinsertion sociale de 1.000 enfants de la rue créé par le Père Guido Matarrese, aujourd’hui autonome grâce au projet d’extension agricole au Plateau des Batéké, Virginie a initié au Katanga des micro projets d’entrepreneuriat social dont l’apiculture, des formations pour des femmes analphabètes et des cours d’éveil à l’art et à l’écologie pour des enfants moins chanceux.
Avec une expérience de plus de 20 ans dans le notariat, la planification patrimoniale et la philanthropie, Virginie pointe le besoin croissant des familles fortunées en Europe et dans les autres continents de contribuer activement à la mise en place de solutions durables à travers leur mode de production de biens et services, leur choix d’investissements financiers et finalement leur façon de vivre et de sensibiliser les générations futures à la solidarité et au respect de la nature.
La philanthropie est multi dimensionnelle. Outre sa dimension religieuse, philosophique, culturelle et socio-économique, elle est hautement subjective et émotionnelle et touche à l’épanouissement personnel. Il n’y a pas de seuil de fortune pour être philanthrope. Toutefois plus un patrimoine matériel ou la détention d’un corpus de valeurs est important, plus la question de sa préservation et de sa transmission se pose. Quel qu’en soit le motif – l’altruisme, la reconnaissance sociale, le devoir moral ou la recherche d’une certaine immortalité -, le don en temps, moyen ou savoir-faire procure une grande satisfaction, un bien-être et un enrichissement indéniable autant pour la personne qui donne que celle qui reçoit. C’est donc un ‘win-win’ !
L’enthousiasme et la bonne volonté ne suffisent pas pour agir utilement et efficacement. Comme pour lancer une entreprise, s’organiser en philanthropie nécessite une vision, une stratégie, une écoute et un échange préalables avec les personnes à aider ou les causes à défendre. En amont, un travail de réflexion sur ce que l’on veut faire, avec quels moyens, quand (de son vivant ou après sa mort), où et pour qui est donc indispensable. En décidant de donner, un philanthrope ne transmet pas uniquement des avoirs, il/elle marque son entourage ou son époque d’un comportement et de convictions, en impliquant aussi sa famille sur deux ou trois générations et ses collaborateurs.
Le conseil de spécialistes pour capitaliser sur des expériences existantes, assister la famille ou le candidat-philanthrope dans la rédaction des statuts, de la charte, des règles de fonctionnement et dans le suivi ainsi que pour optimiser les donations et utiliser l’’outil’ le mieux adapté permet de gagner du temps et de l’argent. Ainsi il est possible d’agir en philanthropie, en fonction de ses objectifs et des moyens alloués, au travers d’une association de fait, d’une société civile, d’une a.s.b.l., d’une fondation privée ou d’utilité publique, d’une fondation abritante de type la Fondation Roi Baudouin, d’une dotation d’entreprise ou d’un fonds philanthropique. Le patrimoine dédié à la philanthropie pouvant parfois être conséquent, sa gestion avant affectation à des projets sociaux ou charitables doit également répondre à des critères correspondant aux valeurs et à la vision des donateurs. L’impact finance et les investissements responsables ont dans ce cadre un potentiel énormes de développement. De plus, de nombreuses études dont celle menée par des chercheurs de Harvard Business School and London Business School [1] montrent la rentabilité supérieure de sociétés produisant de manière durable.
Enfin, la philanthropie permet donc de gérer en bon père de famille une fortune en l’optimisant humainement, financièrement et fiscalement. Elle permet aussi de transmettre des visions et un exemple, de souder des familles et des entreprises autour de valeurs en se positionnant discrètement ou de manière visible dans un domaine caritatif déterminé. C’est un processus personnel qui se fait du vivant du donateur; un engagement long terme enrichissant qui plus rend heureux. Et cette joie est contagieuse!
La nouvelle philanthropie, ou l’art de bien donner
Pour éviter des déceptions ou des dons à fonds perdus, la philanthropie se doit d’être intelligente. C’est un véritable partenariat d’égal à égal – nous avons toujours à apprendre d’une autre personne ou d’un autre environnement -, un contrat structuré autour d’objectifs et de valeurs réalistes et durables. De plus en plus de philanthropes donnent autrement et appliquent les principes de gestion d’entreprises à leurs projets désintéressés. Le « social business » éthique et responsable répond à cette tendance. A l’instar de la société Olivado, qui produit de l’huile d’avocat bio en Nouvelle Zélande et au Kenya et permet ainsi à des centaines de fermiers indépendants de valoriser cette huile grâce à un outil de production très performant et écologique. Ils ont ainsi pu développer toute une économie autour de cette production et contribuer au bien-être de toute une communauté locale. Une preuve que les initiatives s’inscrivant dans le sens d’un enrichissement mutuel sont gagnantes sur le long terme. Les philanthropes s’imposent des obligations de résultat : l’aide doit désormais avoir un impact qualitatif et quantitatif, rendre autonome et être rentable. Il s’agit d’un accord gagnant-gagnant entre donateurs et bénéficiaires. Ou mieux, entre investisseurs sociaux, responsables et acteurs innovants, générateurs in fine de performance durable, d’emplois et de fortune pouvant être redistribuée… »
Désormais, l’acte de donner, tout en étant utile et agréable, est profitable pour ses bénéficiaires, la nature et l’économie et fait partie de la solution à la crise générale que nous traversons.
Un bracelet pour la Paix
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[1] http://business-ethics.com/2011/11/14/1503-study-finds-sustainable-companies-significantly-outperform-financially/